Portrait : BOUZID KARA

Mogniss H. Abdallah
Samir Abdallah

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Portrait : BOUZID KARA

Un film de Mogniss H. Abdallah, Samir Abdallah

2016 | Document | 10 min 56 | Agence IM'média

Producteur
Agence IM'média
agence.immedia@free.fr

Distributeur
Agence IM'média
agence.immedia@free.fr

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Synopsis

Portrait de Bouzid Kara, un des porte-parole de la Marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983, à partir d’un entretien mené par Mogniss H. ABDALLAH à Asnières en région parisienne le 3 février 1986, à la veille des élections de mars 1986.
Des extraits de cet entretien figurent dans Les Beurs aux urnes (VidéoNews n°2 – printemps1986) et ont été retranscrits dans IM’média Mag n°3 « Les Beurs face aux urnes ».
Le remontage vidéo suivant a été réalisé suite au décès de Bouzid Kara, survenu le 15 décembre 2016.
Bouzid Kara, un des porte-parole des Marcheurs pour l’égalité et contre le racisme de 1983, a impressionné par sa sensibilité à fleur de peau et par sa capacité à interroger le monde, à s’interroger lui-même. La rumeur publique l’a même affublé d’un énorme point d’interrogation (imaginaire) tatoué dans le dos.
Idéaliste et pragmatique à la fois, il a consigné ses réflexions d' »Arabe de France », de chômeur aussi, dans son livre « La Marche, traversée de la France profonde »(éd. Sindbad, 1984, réédité chez Actes Sud en 2013). C’est une ode au dépassement des clivages entre « harkis », immigrés de nationalité algérienne et Français d’origine algérienne, clivages liés à la colonisation et à la guerre d’indépendance, et reproduits au sein même de l’immigration d’une génération à l’autre.
Face aux provocations racistes endurées pendant la Marche, il y raconte « la victoire sur soi-même » : ne pas répondre à la haine par la violence. Pour autant, il n’est pas dupe de l’atmosphère du « tout s’arrange ». À force de se montrer « diplomates » et « efficaces », « nous continuons à parler calmement d’un phénomène violent ».
Suite à la « phase gentille » de la Marche, il a tenté de lancer une campagne de sensibilisation aux droits civiques, à Aix-en-Provence et dans les environs. Par droits civiques, il entend aussi bien la restitution de leurs droits à ceux qui en ont été privés pour des « erreurs de jeunesse » que l’égalité des droits (sociaux, politiques et culturels) entre Français et immigrés, dont le droit de vote pour les résidents étrangers. Sans oublier l’essentiel, le droit à la vie. Il pense ici aux nombreuses victimes des crimes racistes ou sécuritaires. Il créé l’association Dignité, notamment avec ses amis de Meyrargues et du camp de rapatriés harkis d’Algérie, le Logis d’Anne, à Jouques dans l’arrière pays aixois.
Mais déçu par les effets d’annonce sans lendemains, le manque de moyens et les manipulations du gouvernement ou de ses satellites tels SOS Racisme « envoyés pour anesthésier une colère légitime », il dit lors de cet entretien filmé avec IM’média au printemps 1986 que « prendre les droits civiques, comme ça, c’est rentrer dans un système qui nous a toujours reniés en tant qu’Arabes et en tant que musulmans. On peut rentrer dans ce système, à condition d’avoir les moyens pour faire campagne. Sinon, on ne fera pas long feu ». Clairvoyance prémonitoire ! Il ajoute à propos des candidats « beurs » : « Le jour où on a montré un candidat « beur », chez moi, on était tous contents, on était fiers, même si le gars n’avait pas grand-chose à dire … Je crois qu’ils font fausse route, mais leur action peut servir à d’autres jeunes pour leur dire : « Mais osez, allez-y ! » »
Les critiques acerbes de Bouzid Kara contre les hommes politiques, de gauche comme de droite, n’épargnent pas le « mouvement beur », ni ses propres illusions initiales sur le PS. Aujourd’hui « j’ai l’impression que les manifestations deviennent des espèces de réunions mondaines, même quand les gens vont assister à un procès… On est en train de s’enfoncer dans un antiracisme tranquille. Le mouvement manque singulièrement d’idées et sombre dans la routine… Même nous, en tant qu’Arabes, on ne réagit plus avec assez de vigueur ». Pour autant, il ne partage pas l’idée de constituer un groupe de pression, un « lobby ».
Bouzid Kara conclut en estimant que le retour annoncé de la droite après les élections de mars 1986 sert plus d’épouvantail qu’autre chose. C’est d’un « système périmé » dont il faut se débarrasser… « pour proposer autre chose ».

Entretien : Mogniss H. ABDALLAH, avec la participation de Nordine Iznasni
Image et son : Samir ABDALLAH
montage :  Julien Teruel
Format d’origine : Umatic BVU
Images d’archives : agence IM’média
Production et distribution  : agence IM’média – décembre 2016

Réalisateur
Mogniss H. Abdallah

Mogniss H. ABDALLAH, journaliste et réalisateur, est né en 1957 à Copenhague, de mère danoise et de père égyptien. Il vit en France depuis 1966. A la fin des années soixante-dix, il participe à différentes rédactions, dont celle du journal Sans Frontière, ainsi qu'au mouvement des radios libres, puis au réseau des télévisions associatives, dont Zalea TV (début des années 2 000). Il écrit aussi des papiers pour la presse généraliste comme Libération. En 1983, il co-fonde IM'média, une agence de presse multi-média, spécialisée dans les luttes de l'immigration et des quartiers populaires, et réalise de nombreux reportages ou documentaires, en nom personnel ou collectif, parmi lesquels Minguettes 1983, paix sociale ou pacification? (1983); Abdel pour Mémoire (1988);   Douce France - la Saga du mouvement beur (1993); On Marche etc. (1994)... Dans le cadre d'un partenariat européen entre IM'média, Migrant Media, le George Padmore Institute ou New Beacon Books (Londres), il co-réalise et co-produit plusieurs documentaires, dont Britain's Black Legacy (1991),  Sweet France (1992), et Le Syndrome de Hoyerswerda (1994), ainsi que des reportages liés à la mémoire des mouvements  sociaux, politiques ou culturels, ou encore des portraits des protagonistes de ces luttes. L'agence IM'média entretient à cet effet un important fonds d'images d'archives, mis à la disposition de différents projets de production portés par des TV ou des associations. Par ailleurs, Mogniss H. Abdallah écrit régulièrement des articles pour la mémoire des luttes et pour une évaluation critique des médias mainstream ou indépendants, et a publié plusieurs ouvrages, dont Jeunes immigrés Hors les murs (1982), J'y suis, j'y reste ! (2000) et Rengainez, on arrive ! (2012).


Samir Abdallah

Samir Abdallah est né à Copenhague, au Danemark, de l’union du pionnier de l’art moderne égyptien Hamed Abdalla avec sa femme, Kirsten Hamed Abdallah, infirmière danoise. Il vit en France depuis l'âge de 6 ans, où il a acquis la nationalité française. Après des études d'Art dramatique et de Cinéma à l'Université de Nanterre au début des années quatre-vingts, il participe à la création de l’Agence IM’Média avec son frère Mogniss, et réalise de nombreux reportages et documentaires sur l'Immigration pour l'émission Rencontres, sur la chaîne française FR3, entre 1988 et 1991. Il a réalisé seul ou en collaboration de nombreux documentaires, parmi lesquels : L'Islam de France, entre traditions et modernité en 1990 , La Révolte de Veaux-en-Velin en 1991, Voyages au Pays de la Peuge, en 1991, La Ballade des sans-papiers en 1997, Le Siège en 2002, Ecrivains des Frontières, voyages en Palestine(s), en 2004, Quo Va Dis?, en 2006, Après la guerre, c'est toujours la guerre, en 2007, Gaza-strophe, Palestine, en 2009, Candidats pour du Beur?, en 2012, Au Caire de la Rêvolution, depuis 2011... En 1991, il fonde L'Yeux ouverts qui organise des ateliers dans les quartiers, et anime un réseau international de projections publiques de films exprimant un point de vue critique sur le monde contemporain, avec plus de 3000 partenaires associatifs et divers, en France, Europe, pays arabes et Amériques, un réseau baptisé du nom de : CINEMETEQUE qui développe le site de films du même nom.


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