NANTERRE, L'APRÈS-TRANSIT

Mogniss H. Abdallah
Samir Abdallah

ACCUEIL | Agence IM'média | NANTERRE, L'APRÈS-TRANSIT
PHOTOS

NANTERRE, L'APRÈS-TRANSIT

Un film de Mogniss H. Abdallah, Samir Abdallah

1986 | Documentaire | 11 min 38 |

Producteur
Agence IM'Média
agence.immedia@free.fr

Distributeur

Site du film

Synopsis

Un an après leur relogement, Nordine Iznasni et d’autres jeunes de la cité de transit Gutenberg de Nanterre, désormais rasée, reviennent sur les lieux de leur enfance dont il ne reste guère que la trace de fondations dérisoires perdues dans un terrain en friche. Ils blaguent sur l’accueil dans leur nouvel environnement avec un brin de nostalgie pour leur « paradis perdu », et pour les solidarités de voisinage aujourd’hui disparues. Dispersés entre Antony, Asnières, Gennevilliers, Suresnes ou ailleurs, les jeunes se retrouvent à la gare du RER Nanterre-Ville, sur l’emplacement de la cité, ou encore dans les locaux de Transit-services, la SCOP de déménagement qu’ils ont monté, sise au 7 rue de Saint-Cloud, tout près de la Boule. Ahmed Chouraqui, qui a un temps travaillé comme intérimaire au centre culturel G. Pompidou/Beaubourg, considère avoir été relogé dans de bonnes conditions, et c’est le cas pour la plupart des familles, malgré l’éloignement. Pour autant, il raconte la réputation de délinquance qui leur colle aux basques auprès des nouveaux voisins. « Comme on est les seuls Arabes, et en plus famille nombreuse, on est vite repérés. Ils ont vite fait de nous juger! ».
Nordine fait faire une visite à Suresnes où il a été relogé dans une cité HLM. Le gardien, débonnaire, confirme que « Nanterre, c’est un nom qui fait peur… » mais les voisins « ont vu que les gens se tiennent correctement ». Et puis, les familles immigrées ne sont que 14 sur 170, du coup, « on arrive à se supporter ». Nordine lui, insiste sur les nombreux services disponibles à proximité, ce qui contraste avec l’isolement d’autrefois. Des filles relogées rajoutent: « Ici, c’est plus propre, et il n’y a pas de boue. » Madame Guémiah, la maman d’Abdennbi – mortellement blessé à la carabine par un pavillonnaire voisin le 23 octobre 1982-, a été relogée aux Acacias, une HLM à Nanterre. Les relations de voisinage dit-elle, s’y limitent à des salutations de principe. Cependant, les ancien-ne-s de la cité viennent souvent lui rendre visite.
Les locaux de la SCOP ont entretemps été transformés en Centre d’initiatives culturelles. Hassan Joullane, ex-gérant de la coopérative, rappelle lors d’une discussion avec Nordine Iznasni que l’objectif n’était pas de faire une carrière de déménageurs à vie, mais de contrôler le processus de relogement en prolongeant le rapport de forces favorable constitué par le « mouvement Gutenberg ». Nordine Iznasni: « Il y avait une motivation d’ensemble, et le poids de la cité par rapport aux pouvoirs publics ça a joué à un moment en termes de rapport de forces .» Hassan Joullane: « Les pouvoirs publics étaient bien forcés de nous aider. C’est un rapport de forces qu’on a réussi à créer avec tous les gens de l’association. Une fois que la cité n’y était plus, bon bah le rapport de forces n’y était plus, on se retrouve en tant qu’individus et pas en tant qu’association implantée dans une cité. Maintenant, c’est à nous de créer un nouveau rapport de forces face aux problèmes qu’on connait tous. » Et il dit espérer retrouver en ce lieu la dynamique nécessaire pour qu’il devienne « un point de chute, de création, d’action politique, pour que ça bouge à tous les niveaux. » Dans le local réaménagé, on trouve désormais une association de chômeurs, et différentes activités de management culturel: ateliers d’initiation à l’informatique et d’écriture BD, vidéothèque, promotion de groupes de musique (l’association Gutenberg a ainsi produit un 45 tours de Farid alias « Bobosse »), et mise en place d’une exposition qui donne lieu à un accrochage très « artistique » de quelques oeuvres du peintre égyptien Hamed Abdalla
Hassan Joullane décède le 22 octobre 1996 happé par le RER. Nordine lui, retourne vivre à Nanterre au début des années 1990 où, après de longues années au Mouvement de l’immigration et des banlieues (MIB), il deviendra élu municipal.

Réalisation : Samir et Mogniss H. ABDALLAH
images: Samir ABDALLAH
assistants: Nordine Iznasni & Tarek Kawtari
son: Amine Sahraoui
commentaire: Mogniss H. ABDALLAH
montage: Anne Olivry
Production : Agence IM’média

Réalisateur
Mogniss H. Abdallah

Mogniss H. ABDALLAH, journaliste et réalisateur, est né en 1957 à Copenhague, de mère danoise et de père égyptien. Il vit en France depuis 1966. A la fin des années soixante-dix, il participe à différentes rédactions, dont celle du journal Sans Frontière, ainsi qu'au mouvement des radios libres, puis au réseau des télévisions associatives, dont Zalea TV (début des années 2 000). Il écrit aussi des papiers pour la presse généraliste comme Libération. En 1983, il co-fonde IM'média, une agence de presse multi-média, spécialisée dans les luttes de l'immigration et des quartiers populaires, et réalise de nombreux reportages ou documentaires, en nom personnel ou collectif, parmi lesquels Minguettes 1983, paix sociale ou pacification? (1983); Abdel pour Mémoire (1988);   Douce France - la Saga du mouvement beur (1993); On Marche etc. (1994)... Dans le cadre d'un partenariat européen entre IM'média, Migrant Media, le George Padmore Institute ou New Beacon Books (Londres), il co-réalise et co-produit plusieurs documentaires, dont Britain's Black Legacy (1991),  Sweet France (1992), et Le Syndrome de Hoyerswerda (1994), ainsi que des reportages liés à la mémoire des mouvements  sociaux, politiques ou culturels, ou encore des portraits des protagonistes de ces luttes. L'agence IM'média entretient à cet effet un important fonds d'images d'archives, mis à la disposition de différents projets de production portés par des TV ou des associations. Par ailleurs, Mogniss H. Abdallah écrit régulièrement des articles pour la mémoire des luttes et pour une évaluation critique des médias mainstream ou indépendants, et a publié plusieurs ouvrages, dont Jeunes immigrés Hors les murs (1982), J'y suis, j'y reste ! (2000) et Rengainez, on arrive ! (2012).


Samir Abdallah

Samir Abdallah est né à Copenhague, au Danemark, de l’union du pionnier de l’art moderne égyptien Hamed Abdalla avec sa femme, Kirsten Hamed Abdallah, infirmière danoise. Il vit en France depuis l'âge de 6 ans, où il a acquis la nationalité française. Après des études d'Art dramatique et de Cinéma à l'Université de Nanterre au début des années quatre-vingts, il participe à la création de l’Agence IM’Média avec son frère Mogniss, et réalise de nombreux reportages et documentaires sur l'Immigration pour l'émission Rencontres, sur la chaîne française FR3, entre 1988 et 1991. Il a réalisé seul ou en collaboration de nombreux documentaires, parmi lesquels : L'Islam de France, entre traditions et modernité en 1990 , La Révolte de Veaux-en-Velin en 1991, Voyages au Pays de la Peuge, en 1991, La Ballade des sans-papiers en 1997, Le Siège en 2002, Ecrivains des Frontières, voyages en Palestine(s), en 2004, Quo Va Dis?, en 2006, Après la guerre, c'est toujours la guerre, en 2007, Gaza-strophe, Palestine, en 2009, Candidats pour du Beur?, en 2012, Au Caire de la Rêvolution, depuis 2011... En 1991, il fonde L'Yeux ouverts qui organise des ateliers dans les quartiers, et anime un réseau international de projections publiques de films exprimant un point de vue critique sur le monde contemporain, avec plus de 3000 partenaires associatifs et divers, en France, Europe, pays arabes et Amériques, un réseau baptisé du nom de : CINEMETEQUE qui développe le site de films du même nom.


MÉDIAS