RAUS ! ALLEMAGNE - LE RACISME À L'HEURE DE LA RÉUNIFICATION

Mogniss H. Abdallah
Ken FERRO

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RAUS ! ALLEMAGNE - LE RACISME À L'HEURE DE LA RÉUNIFICATION

Un film de Mogniss H. Abdallah, Ken FERRO

1991 | Documentaire | 32 minute | Agence IM'Média

Producteur
Agence IM'Média
agence.immedia@free.fr

Distributeur
Agence IM'Média
agence.immedia@free.fr

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Synopsis

Documentaire : Raus « Germany-the other story » est un film sur le revers de la médaille de la réunification allemande après la chute du mur de Berlin en 1989. Depuis le début du processus de cette fusion la vague de violence raciste et d’extrême-droite est devenue de plus en plus forte. 

Dans Berlin réunifié en ce début 1991, les gens circulent librement entre l’est et l’ouest et vice-versa. Mais immigrés, réfugiés et Noirs allemands craignent des attaques de jeunes, affiliés ou non à l’extrême-droite, dans la rue, les quartiers et les transports publics : C’est ainsi qu’Ayhan Öztürk et ses amis se sont fait attaquer dans le métro berlinois par de jeunes Allemands. En ripostant, témoignent Carmen et Mehmet Akkas reconstitution des faits à l’appui, Ayhan a poignardé à mort René Grubert. Sa famille, qui du temps du mur avait fui l’Allemagne de l’est, témoigne de sa douleur. A contrario, elle confirme aussi que René Grubert était membre du parti d’extrême-droite des « Républicains ». Comme l’atteste une bande-vidéo de propagande des « Republikaner » présentée par sa famille, René Grubert tenait des propos pour le moins péjoratifs sur les étrangers, « ces paresseux pour qui tout est dû » et réclamait leur départ afin de donner leurs logements pas chers aux Allemands. L’affaire elle-même a été suivie par la presse, avec des des appréciations divergentes quant au contexte de légitime défense : Christoph Lang du Berliner Morgenpost le conteste, et Mustafa Sayan du quotidien turc Hurriyet le démontre, enquête à l’appui. Maître Moeller, avocat d’Ayhan Öztürk, plaide en ce sens. Durant le procès, des manifestations en faveur de l’accusé auront lieu sur le thème: »Ayhan did the right thing« , et c’est finalement libre qu’il ressortira : reconnaissant la légitime défense, la cour acquitte Ayhan.
Ufuk Sahin, un jeune père de famille d’origine turque, a lui été poignardé devant la porte de sa maison à Berlin-ouest en 1989. Il s’est approché du skinhead qui l’a insulté pour lui dire: « Nous aussi, nous sommes des êtres humains ». Le skinhead le tue peu après. La peine prononcée sera légère : cinq ans de prison. Les juges ont refusé de qualifier le meurtre de raciste. La confrontation avec le racisme concret est ainsi évitée : c’est encore un tabou national. Cependant, la mère d’Ufuk persiste à dire que c’est un crime raciste.
Antonio Amadeo, lui, est tué le 24 novembre 1990 à Eberswalde en Allemagne de l’est, près de la frontière polonaise, par une bande de skinheads. La maison où il habitait avec Gaby, sa copine allemande et son bébé est détruite la même nuit. La femme s’enfuit de chez elle, une couverture sur son bébé pour le cacher. Elle a peur pour lui: il est noir. Amadeo était un ouvrier angolais venu en Allemagne de l’est dans le cadre d’accords entre « pays socialistes frères ». Mais avec la chute du mur, tous les Angolais ont été licenciés en août 1990, raconte Paul, un ami d’Amadeo. Et leur maintien dans les lieux est mal vu par nombre d’Ossies (Allemands de l’est).
Par ailleurs, la nouvelle « Ausländergesetz » (la « loi sur les étrangers ») – entrée en vigueur début 1991 – complique encore davantage le statut juridique de la population étrangère et à bien des égards, la fragilise d’autant qu’elle va de pair avec le rejet par la cour suprême du droit de vote des étrangers aux élections locales et une politique de plus en plus restrictive à l’égard des réfugiés. Pour protester contre cette loi, 35 000 personnes se sont rassemblées dans la rue à Berlin.
Le Dr. Huong, conseiller à l’immigration, explique que les entreprises reçoivent des aides pour inciter au rapatriement des travailleurs étrangers. Les Vietnamiens ont alors quitté le pays par dizaines de milliers. Mais d’autres communautés ont décidé de rester, s’entraînent, hommes et femmes, aux sports de combat, et parfois s’arment individuellement ou collectivement Des jeunes turcs se regroupent en bandes comme les Black Panthers ou les So-36, d’autres forment des organisations de jeunesse plus politisées comme Anifa-Gençlik- Les « Antifas » (antifascistes), développent l’auto-défense et l’unité avec les  communautés africaines, asiatiques etc. et disposent de lieux pour s’organiser dans leur sanctuaire de Kreuzberg (Berlin).
Le journal interculturel « Kauderzanca » à Berlin rassemble des jeunes étudiants de « la deuxième génération » et des jeunes allemands. « Kauderzanca » contribue à la lutte contre le racisme et le nationalisme avec la publication d’analyses sur les motifs et les raisons de tels événements. Le Black liberation sound-system initié par des Noirs allemands organise pour sa part des concerts de solidarité en vue de faire circuler l’information et d’aider financièrement les familles. Le 1er février 1991, il rend ainsi hommage à Antonio Amadeo au BAZ, lieu auto-géré à Kreuzberg. Obby Addi, étudiant et futur avocat, conclut sur le seul choix possible : Résister ! C’est « l’autre histoire » de l’Allemagne réunifiée.

Réalisation: Mogniss H. Abdallah & Ken Fero
Enquête : John Amoateng Kantara  & Ayce Altunoglu
Image: Abdel Wahed Askar –
son : Abderrahman Satti – Youssef Tekhine
assistés de Belkacem Lahbaïri & Marianne Bureau
montage : Angela Melitopoulos
musique originale : Royal Crown Crew – Les Amis d’Amadeo –
Images d’archives: Agence IM’média – Antifa Gençlick-Haber – Ulrich Happe – PIM – Medien operative Werkstatt fur interkulturelle medienarbeit
Production : agence IM’média / Migrant Media –  1991

Réalisateur
Mogniss H. Abdallah

Mogniss H. ABDALLAH, journaliste et réalisateur, est né en 1957 à Copenhague, de mère danoise et de père égyptien. Il vit en France depuis 1966. A la fin des années soixante-dix, il participe à différentes rédactions, dont celle du journal Sans Frontière, ainsi qu'au mouvement des radios libres, puis au réseau des télévisions associatives, dont Zalea TV (début des années 2 000). Il écrit aussi des papiers pour la presse généraliste comme Libération. En 1983, il co-fonde IM'média, une agence de presse multi-média, spécialisée dans les luttes de l'immigration et des quartiers populaires, et réalise de nombreux reportages ou documentaires, en nom personnel ou collectif, parmi lesquels Minguettes 1983, paix sociale ou pacification? (1983); Abdel pour Mémoire (1988);   Douce France - la Saga du mouvement beur (1993); On Marche etc. (1994)... Dans le cadre d'un partenariat européen entre IM'média, Migrant Media, le George Padmore Institute ou New Beacon Books (Londres), il co-réalise et co-produit plusieurs documentaires, dont Britain's Black Legacy (1991),  Sweet France (1992), et Le Syndrome de Hoyerswerda (1994), ainsi que des reportages liés à la mémoire des mouvements  sociaux, politiques ou culturels, ou encore des portraits des protagonistes de ces luttes. L'agence IM'média entretient à cet effet un important fonds d'images d'archives, mis à la disposition de différents projets de production portés par des TV ou des associations. Par ailleurs, Mogniss H. Abdallah écrit régulièrement des articles pour la mémoire des luttes et pour une évaluation critique des médias mainstream ou indépendants, et a publié plusieurs ouvrages, dont Jeunes immigrés Hors les murs (1982), J'y suis, j'y reste ! (2000) et Rengainez, on arrive ! (2012).


Ken FERRO
Ken Fero, né en 1961à Malte, est réalisateur, activiste et formateur à l'image basé à Londres. En 1991, il co-fonde le collectif Migrant Media, produisant plusieurs documentaires sur les enjeux de race, de classe et de résistance, parmi lesquels Injustice (2001), Ultraviolence (2020) et Exposed (2022), qui traitent des meurtres au Royaume-Uni, majoritairement de noirs, de la violence d'Etat ou encore du racisme subi par les infirmières noires, asiatiques ou immigrées lors de la pandémie du covid. En 2023, il travaille avec Tariq Mehmood sur un long-métrage, Bradford 12, explorant la lutte victorieuse de jeunes asiatiques pour leur droit à l'auto-défense face aux attaques fascistes dans les années 1980. Il accompagne aussi des réalisateurs du Moyen-Orient, et a par exemple participé au projet Palestine Returned (2019). Ken Fero et Migrant Media ont aussi co-produit avec l'agence IM'média une série de documentaires au niveau européen, dont Germany, the Other story (1991), Britain's Black Legacy (1991) ou encore Sweet France (1992). Aux côtés d'organisations de familles, dont United Families & Friends Campaign (UFCC), il aspire à une dimension internationale de leur action.
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