J’avais envie d’aller vers un cinéma typique des an- nées 80, un cinéma populaire qui, en même temps, déroulait un propos sur la société. Aujourd’hui, on di- rait que ce sont des films politiques mais à l’époque, ils étaient fabriqués comme des films populaires. Ce qui intéressait ces metteurs en scène, c’était, avant toute autre ambition, la relation avec le spectateur. Je pense à des cinéastes comme Costa-Gavras, qui ont tou- jours voulu faire du grand spectacle sans manquer d’y insuffler une vision du monde. On les classe du côté d’un cinéma très intellectuel, un cinéma d’idées, mais l’expérience du spectateur était cruciale chez eux. On trouve encore aujourd’hui des exemples dans le ciné- ma anglo-saxon, mais en France, on manque de ce cinéma populaire qui allie spectacle et fond. Ensuite, la représentation est une problématique importante pour moi, notamment la représentation de l’homme noir dans le cinéma. En France, il est souvent utilisé de manière stéréotypée, dans des rôles très secondaires. Quant aux personnages Antillais, ils sont générale- ment là pour divertir, amener de la bonne humeur. Un Antillais dans un rôle sérieux ? De mémoire, je n’ai vu cela que dans le RUE CASE NÈGRE d’Euzhan Palcy. Les rôles féminins sont également une question épi- neuse. En commission, on m’a parfois fait remarquer qu’il n’y avait pas de rôle féminin dans LES RASCALS. Pourtant, le personnage de Frédérique est central, elle est au cœur du film. On m’a un jour répondu « Oui mais Frédérique n’est pas un prénom féminin ». Frédérique est un personnage complexe, qui aurait tout pour être caricaturée et qui pourtant est traitée de manière indulgente. Le public a un rapport très ambivalent avec elle. Avec mes coscénaristes, Virak Thun et Sebastian Birchler, nous avons beaucoup aimé travailler sur ce personnage car son traitement n’est jamais manichéen.

Un film de : JIMMY LAPORAL-TRÉSOR
Scénario : Sébastien Birchler, Jimmy Laporal-Trésor, Virak Thun
Musique : Delgres
Production : Agat Films
Distribution : The Jokers Films