L'ÉPOQUE
Matthieu BAREYRE
L'ÉPOQUE
Un film de Matthieu BAREYRE
2019 | Documentaire | 90 min | BAC FILMS
Distributeur
BAC FILMS
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Du Paris de l’après-Charlie aux élections présidentielles, une traversée nocturne aux côtés de jeunes qui ne dorment pas : leurs rêves, leurs cauchemars, l’ivresse, la douceur, l’ennui, les larmes, la teuf, le taf, les terrasses, les vitrines, les pavés, les parents, le désir, l’avenir, l’amnésie, 2015, 2016, 2017 : l’époque.
Note d’intention du réalisateur :
« J’ai eu l’idée du film juste après les attentats de Charlie Hebdo. J’habitais près des évènements et comme beaucoup, j’ai vécu Charlie comme un moment de bascule, avec le sentiment inquiet qu’une nouvelle ère politique s’ouvrait. Les mois à venir s’annonçaient sombres et je n’avais pas du tout envie d’en être le spectateur impuissant. Je voulais trouver une manière de tout vivre de plain-pied. Plonger dans la nuit noire, avec l’espoir d’y trouver quelques lueurs. Quelques jours plus tard, j’ai trouvé le titre, L’époque, comme une question que je me posais et que je voulais poser aux autres. J’avais aussi en tête La Follia de Vivaldi, son énergie joyeuse traversée d’élans profondément mélancoliques. Je rêvais d’un film lyrique où des sentiments très opposés se succèderaient sans transition.
J’ai décidé de filmer la jeunesse car ce moment particulier des 18-25 ans est un temps où l’on se pose des questions fondamentales : est-ce qu’on accepte le monde dont on hérite ou est-ce qu’on prend le temps de l’interroger ? Telle que je l’ai vécue et la vois encore, la jeunesse est un moment très dur : d’un côté, on nous explique que c’est le plus bel âge de la vie ; de l’autre, la parole des jeunes est toujours dénigrée. J’ai entendu toutes sortes de théories au sujet de ma « génération », qu’elle était X, Y, ou WTF, apolitique, triste, perdue, immature, consommatrice de drogues et de fringues, accro à la technologie. Des jeunes, je peux dire la même chose que ce que Virginie Despentes écrivait il y a dix ans au sujet des femmes au début de King Kong Théorie : « depuis quelque temps, en France, on n’arrête plus de se faire engueuler. ». Alors j’ai pensé un film dans lequel je pourrais mettre tout ce que je n’avais pas pu entendre, dire, voir et montrer depuis mon adolescence ; non pas un film « sur » la jeunesse, mais fait de l’intérieur de la jeunesse, un film où son énergie ne serait pas bridée par la morale ou une vision qui lui serait extérieure ; un film qui ne couperait pas la parole aux jeunes, mais la lui donnerait.
Avec Thibaut, nous nous demandions constamment comment faire pour que les gens nous parlent vraiment d’eux. Nous cherchions des paroles, pas des discours. Amener les gens à parler en leur nom propre, c’est leur permettre de prendre le pouvoir à l’image. Une personne qui avance un argument, qui démontre quelque chose, on peut avoir envie en tant que spectateur de lui donner raison ou tort, mais on ne réfute pas un coeur qui se montre. Je ne voulais pas que les gens cherchent à se justifier, y compris sur les sujets les plus délicats. Je voulais qu’ils me décrivent ce qu’ils ressentent. Au cinéma, les raisons ne m’intéressent pas. Il n’y a que les passions qui m’intéressent, parce que c’est beaucoup plus grand que nous.
J’ai fait ce film dans une urgence permanente qui a duré trois ans, je sentais que c’était une époque de ma vie qui prendrait fin avec lui, et que cette époque était ma propre jeunesse. Il y a eu plusieurs moments dans L’époque, plusieurs ruptures… mais le film s’est fait d’une seule traite, dans un long mouvement épuisant. Je ne voulais pas juste filmer des gens, je voulais mélanger nos vies. Les gens pouvaient passer chez moi, voir un bout de montage ou des rushes ou même m’appeler et me dire « ce soir, je suis là, viens ! ». Je n’avais pas envie de faire comme si c’était mon métier, je voulais que toute la vie soit du cinéma, qu’il n’y ait pas de distinction ou de coupure. Chez moi, c’était devenu un laboratoire, Thibaut dormait souvent là, on était toujours en train de discuter des gens qu’on venait de rencontrer : est-ce que cette personne est sincère, est-ce qu’on continue avec elle, est-ce qu’on est en train de tomber amoureux ? Est-ce qu’on ne s’égare pas ? On ne savait pas ! Sur le moment, on était perdus et ça, c’est très important, d’accepter de se perdre, et de se perdre vraiment. C’est aussi ça L’époque. Je pense que je voulais vraiment perdre le contrôle, me mettre dans une situation qui me déborde : et j’étais débordé, complètement crevé, susceptible et colérique. J’étais très jusque-boutiste. C’était une sorte d’expérience totale et c’était compliqué d’expliquer aux gens que je n’allais pas à un moment lâcher la caméra pour faire la fête avec eux ou balancer des pavés. Ma façon de vivre les choses est comme ça, j’éprouve le besoin absolu de regarder les autres plutôt que de vivre comme eux, afin de sauvegarder des images d’eux qui puissent résister un peu au passage du temps. J’aime à la folie la vitalité de certaines personnes. Et quand je vois Soall ou Rose par exemple, qui ont un sens inouï de la joie, je ne peux pas m’empêcher de penser que la meilleure chose que je puisse faire, c’est de rendre hommage à des puissances de vie pareilles. »
Un film de Matthieu BAREYRE
Scénario : Matthieu BAREYRE, Sophia Collet
Image : Matthieu BAREYRE
Son : Thibaut Dufait
Montage : Matthieu BAREYRE, Isabelle Proust, Matthieu Vassiliev
Montage sonore : Stéphane Rives
Mixage :Jules Wysocki
Etalonnage : Amine Berradia
Collaboration artistique : Marion Siéfert
Production déléguée : Valéry Du Pelloux, ARTISANS DU FILM
Distribution : BAC FILMS
Presse : Karine Durance
Matthieu BAREYRE
Matthieu Bareyre est un réalisateur de films documentaires. C'est en 2012, à l'âge de 26 ans, parallèlement à son activité de critique dans des revues comme Débordements, les Cahiers du cinéma, Vertigo ou encore Critikat, qu'il se lance dans la réalisation de son premier film. Ce moyen métrage, Nocturnes, a été sélectionné au festival du Cinéma du Réel (Prix du patrimoine de l’immatériel et Prix de l’Institut français–Louis Marcorell) et aux Rencontres européennes du moyen métrage de Brive. En 2016, il co-réalise avec Thibaut Dufait On ne sait jamais ce qu'on filme, une vidéo publiée sur internet témoignant des violences policières lors de Nuit Debout. Sélectionné notamment à Locarno et Douarnenez, aux festivals CPH:DOX, Doclisboa et aux États généraux de Lussas, et Prix Cinéma du Meilleur premier film français par le Syndicat Français de la Critique de Cinéma, L'Epoque est son premier long métrage.