MAL-LOGÉS - le mouvement à Paris
Collectif
MAL-LOGÉS - le mouvement à Paris
Un film de Collectif
1990 | Documentaire | 11 min 30 | Agence IM'média
Producteur
Agence IM'Média
agence.immedia@free.fr
Distributeur
Agence IM'média
agence.immedia@free.fr
Suite à une série d’incendies criminels dans l’est parisien durant l’automne 1986, causant la mort de 19 personnes (cf. aussi Un toit pour les sinistrés du XXème, de Joy Banerjee, 11 min. 30 », diffusion agence IM’média), plusieurs occupations ont lieu «sans droit ni titre». Au 67 rue des Vignoles, des escrocs qui monnaient des chambres à squatter sont évincés. Quelques tentes sont aussi plantées dans la rue, et plusieurs manifestations sont organisées. La mairie fait mine de ne pas vouloir céder au « chantage du squat et de la rue », concédant toutefois quelques relogements à titre humanitaire.
Cependant, les mal-logés affirment haut et fort qu’ils ne quémandent pas l’aumône, et ne veulent pas de solutions transitoires tels les « foyers pour clochards » ! Ils réclament un logement décent pour tous, et l’application de la loi de réquisition qui permettrait la mise à disposition de très nombreux logements vides à Paris. En se focalisant sur un relogement social dans des HLM de qualité dépendant des pouvoirs publics, les mal-logés en lutte pointent la responsabilité de l’Etat au moment où la tentation est forte de se défausser sur le parc locatif des propriétaires privés.
On assiste alors à une velléité de généralisation de la lutte, qui concerne à Paris plus de 60 000 demandeurs de logement social, mais aussi les locataires en butte aux augmentations de loyer sur fond de limitation des constructions HLM, sans oublier les « quotas ethniques » et autres discriminations racistes dans l’attribution de logements.
Le Comité des mal-logés (CML), lancé en mars-avril 1987, monte ainsi en première ligne pour « s’unir et s’organiser », immigré-e-s et Français-e-s ensemble. En janvier 1989, le CML réquisitionne un immeuble HLM entier, flambant neuf, au 92 rue de la Fontaine au Roi dans le 11ème. En banlieue aussi, des réquisitions populaires ont cours.
Le 2 mai 1990, les immeubles du 67 rue des Vignoles et du 92 rue de la Fontaine au Roi sont évacués par la police. Aussitôt, près de 300 personnes – dont 48 familles expulsées – se regroupent et occupent le square place de la Réunion, dans le XXème. Malgré une omniprésence policière intimidante, elles vont y rester cinq mois, rejointes par d’autres mal-logés. Cette occupation permanente va constituer un point de ralliement pour de multiples luttes. Elle donne lieu à des formes d’organisation et de décision en Assemblée générale et par commissions (information; solidarité quartier; enfants; sécurité; finances – gestion de la caisse de solidarité…), appelées à se réunir chaque soir à 18h sur la place.
Dans la commission organisation, on retrouve Jean-Baptiste Eyrault, alias Babar, qui devient une figure médiatique du mouvement, vu aux côtés de l’abbé Pierre venu à la rescousse. Un médiateur sera nommé par le gouvernement et à force de négociations, les familles initialement expulsées seront relogées en région parisienne. Le camp levé, les divergences apparues dans la conduite de la lutte (priorités politiques, autonomie du mouvement vis-à-vis des socialistes au pouvoir, relations avec les organisations caritatives ou de gauche, place de l’expertise et des professionnels du logement etc…) vont amener Babar et ses amis à quitter le CML et à lancer une nouvelle association, le DAL (Droit au logement).
Réalisation, images & montage: Collectif
Extraits du reportage Un toit pour les sinistrés du XXème de Joy Banerjee
Production et distribution : Agence IM’média – juin 1990