NOUS
Alice DIOP
NOUS
Un film de Alice DIOP
2020 | Documentaire | 115 mn | Athénaïse
Producteur
Athénaïse
+33 (0)1 41 72 02 75
contact@athenaise.com
Distributeur
Athénaïse
+33 (0)1 41 72 02 75
contact@athenaise.com
Alice Diop filme sa banlieue de l’Essonne, où elle vit, et que traverse la ligne B du RER, fil rouge de son quatrième documentaire, Nous. Ce titre fédérateur résume la philosophie de la cinéaste, pour laquelle les histoires d’immigrés arrivés en France, et l’identité du pays d’accueil, ne sont pas contradictoires, mais mutuellement enrichissantes.
« Au lendemain de la marche du 11 janvier 2015 qui avait réuni deux millions de personnes, suite aux attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher, le journal Libération, exalté, titrait: « Nous sommes un peuple ».
Moi qui m’étais curieusement sentie seule dans cette foule, je me suis demandé quel était donc ce « peuple » dont le journal parlait ?
Je crois que le désir de ce film part de cette question formulée dans ces circonstances funestes : qu’est-ce que ce « nous » ?
J’ai suivi la ligne du RER B, extrêmement symbolique, qui traverse des lieux chargés d’histoire comme la Basilique de Saint-Denis où sont enterrés les rois de France ou le mémorial de la Shoah qui jouxte le camp de Drancy. Suivre cette ligne, animée par cette question, c’était donc traverser une histoire de France mais c’était aussi être attentive à des récits, des mémoires, des visages.
Le film tente de dire que ce « nous » est autant une question qu’un doute, une affirmation ou un projet en construction. La chasse à courre, l’écrivain Pierre Bergounioux, les gens qui votent Front National, la banlieue des pavillons, celle des grands ensembles, mon père, les rois de France, les mecs de cité, les enfants sont intégrés sans hiérarchie à ce « nous » que je cherche. S’il y a bien des mondes qui vivent à la lisière les uns des autres, le film veut tisser un lien et un chemin entre ces îlots. » Alice DIOP.
Des histoires qui se rencontrent
D’une chasse à courre en forêt de Rambouillet, aux propos de gosses sur les marches des cités, en passant par la famille Diop d’origine sénégalaise, ou la messe annuelle commémorative de la mort de Louis XVI, le film fait le portrait d’une France multiple, dont les contradictions et incommunicabilité ne sont qu’apparentes.
En ces temps où la campagne présidentielle privilégie le thème de l’immigration, le film d’Alice Diop tient un propos à contrecourant qui fait du bien à voir et à entendre. Dans une démarche expérimentale, la cinéaste réclame l’attention du spectateur plongé dans une succession d’histoires qui se racontent, se rencontrent, s’observent et se jaugent. L’interview final par Alice Diop de son mentor Pierre Bergougnoux expose ses convictions de cinéaste, tant dans la forme que dans le propos de ses films, fondamentalement politiques.
Œcuménisme
Le film débute sur un jeune adulte d’origine malienne, en France depuis plus de vingt ans, qui échange avec sa mère au téléphone dans sa langue d’origine sans sous-titres. Une ouverture un peu âpre, mais qui induit l’acceptation de la différence. On ne peut se soustraire à sa langue d’origine, ne dit-on pas langue maternelle ? S’enchaînent les premiers films amateurs d’Alice Diop sur sa famille et l’interview de son père sur son arrivée et sa vie en France, qui annoncent le discours œcuménique que va adopter la réalisatrice. Ainsi le contraste avec des traditions issues de l’histoire française (chasse à courre, Louis XVI), montre la cohabitation et la tolérance ; les échanges entre la visiteuse à domicile sénégalaise et les personnes âgés dont elle s’occupe, reflètent un respect et un intérêt mutuels.
A l’heure où nombre de fictions prennent une forme peu ou prou documentaire, Alice Diop donne une dimension fictionnelle à son exposé dans son traitement de l’image. La ville, les quartiers, gares et autres axes de transport sont filmés avec un soin attentif qui dramatise le sujet. Les différents support – films de famille, numérique, dominantes colorées -, nourrissent le film d’une belle richesse graphique. Alice Diop aboutit à un message humaniste sur une France qui ignore la cohésion qui l’habite.
Auteur-Réalisateur : Alice DIOP
Image : Sarah BLUM, Sylvain VERDET, Clément ALLINE
Son : Mathieu FARNARIER, Nathalie VIDAL, François MEYNOT, Frédéric DABO
Montage : Amrita DAVID
Étalonnage : Eric SALLERON
Producteur : Sophie SALBOT
Producteur délégué : Athénaise
Diffuseur coprod. : ARTE France
Participation : Région Ile-de-France, CNC, CNC Fonds Images de la diversité, Procirep, Angoa-Agicoa, Cineap 3
Ayant-Droit : Athénaise
Alice DIOP
Née à Aulnay-sous-Bois en 1979, de parents sénégalais, Alice Diop a grandi jusqu'à l'âge de 10 ans dans la Cité des 3000. Elle se lance initialement dans des études d'histoire, puis s'inscrit à la faculté d'Evry en DESS de sociologie visuelle. Quinze ans après son départ d'Aulnay-sous-Bois, elle y revient pour filmer la diversité culturelle de son quartier d'enfance dans son premier documentaire La Tour du monde.