Portrait : Fatiha Damiche
Collectif
Portrait : Fatiha Damiche
Un film de Collectif
2008 | Document | 6 mn 51" | Agence IM'média
Producteur
Agence IM'Média
agence.immedia@free.fr
Distributeur
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Portrait de Fatiha Damiche, une porte-parole du comité national contre la double peine puis du MIB, présenté lors d’une rencontre publique en son hommage le 19 janvier 2008 au Forum du Blanc-Mesnil.
« Il faut aller au-delà des pleurs On peut le faire !», s’exclame Fatiha Damiche à la tribune du Meeting « Justice en banlieue », organisé par le MIB (Mouvement de l’immigration et des banlieues) le 17 octobre 1999 à la bourse du travail de Saint-Denis, en présence de dizaines de familles et de leurs amis confrontés à la double peine (prison + expulsion), à la mort en détention, aux crimes racistes ou sécuritaires, mais aussi à la drogue, au sida, à l’abandon des cités populaires, à une école au rabais et à l’Islam criminalisé. En un mot, confrontés à la Hagra, cette accumulation de mépris et d’injustice. Fatiha Damiche s’en prend à « l’art et la manière d’éclater les familles, de séparer les femmes de leurs conjoints, d’enlever les enfants à leurs parents », et met en garde contre la tentation de s’apitoyer sur son sort d’éternelles victimes ou de « se la jouer en solo »: « Moi + toi + lui + elle… On est une force. Et la Hagra, y’en a marre ! Qui sème la Hagra récolte l’intifadah », scande-t-elle, un slogan repris en chœur par le public conquis par tant d’éloquence et de détermination.
C’est à l’âge de 40 ans que Fatiha Damiche rejoint le comité national contre la double peine. Son mari emprisonné risque l’expulsion. Elle était déjà en son for intérieur une femme déterminée. Au début, pourtant, elle n’a pas trop voulu se faire remarquer. Puis, se rendant compte de la nécessité de brusquer les situations pour que ça bouge, tout comme il faut se secouer soi-même et secouer les autres, elle s’est enhardie, prenant les devants dans les actions publiques. Fatiha s’impose dès lors comme une porte-parole du comité puis du MIB, lancé en 1995. Pendant une dizaine d’années, elle animera la permanence juridique, aux côtés de collègues pour la plupart eux-mêmes touchés par la double peine et formés « sur le tas ».
A partir de 2002, Fatiha Damiche se recentre sur sa ville, Le Blanc-Mesnil, où elle participe avec son amie Zouina Meddour à un collectif de femmes basé Maison des Tilleuls, s’engageant entre autre dans la pièce de théâtre « Le Bruit du monde m’est rentré dans l’oreille » ( cf. le livre-DVD éponyme publié chez L’Harmattan en 2008).
Elle décède le 23 novembre 2007, mais sa mémoire reste vivace. Le livre-enquête « Femmes des quartiers populaires, en résistance contre les discriminations » (édition Le Temps des cerises, 2013), lui est ainsi dédié aux côtés du sociologue Abdelmalek Sayad. Nombre de personnes continuent à lui rendre hommage. Respect.
Mots-clés : Fatiha Damiche – double peine – MIB (Mouvement de l’immigration et des banlieues)