VOYAGES AU PAYS DE LA PEUGE

Samir Abdallah
Raffaele Ventura

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VOYAGES AU PAYS DE LA PEUGE

Un film de Samir Abdallah, Raffaele Ventura

1991 | Documentaire | 80 mn | Agence IM'Média

Producteur
Agence IM'Média
agence.immedia@free.fr

Distributeur
Agence IM'Média
agence.immedia@free.fr

Site du film

Synopsis
Documentaire d’enquête ouvrière diffusé en avant-première le mercredi 21 novembre 1990 au cinéma Prado à Sochaux. prix du patrimoine au festival Cinéma du Réel (Paris, 1991). Sa production et sa diffusion ont été soutenues par Peuge-Images, une association créée à cette fin par des syndicats et des municipalités du pays de Montbéliard. Sur le même thème des ouvriers de l’empire Peugeot, l’agence IM’média a produit et réalisé plusieurs reportages TV, dont Les Revenants du retour (mars 1989 – 7 min.), Peugeot: immigrés dans une grève populaire (septembre1989 – 7 min.) et Peugeot: l’Après-grève (mai 1990 – 12 min.). Un livret de 44 pages l’accompagne (publication agence IM’média).
Aux côtés des travailleurs de Peugeot-Sochaux et Mulhouse, l’usine de la performance « à la japonaise »: Ouvriers spécialisés (OS), ouvriers professionnels (OP), immigrés, intérimaires,hommes et femmes, jeunes et anciens avec 20 – 30 ans de tôle, ce documentaire donne à voir une multitude de personnalités qui ont su mener une grève populaire à l’automne 1989, autour de revendications diverses liée à la dignité ouvrière et à une revalorisation salariale. Retentit alors la clameur «+ 1 500 francs pour tous!», dans l’allégresse d’une lutte collective.Les temps présent et passé se mêlent à travers des récits ouvriers individuels pour mieux comprendre ce qu’a été et ce qu’est devenue cette « classe ouvrière » tellement mythifiée dans les années 60, et pour faire vivre documents d’archives et témoignages à l’appui, une mémoire ouvrière confrontée à la «nouvelle usine de l’an 2000», restructurée et automatisée. A coups de «dégraissages» successifs, de mise à la retraite anticipée ou de « retour au pays » des ouvriers immigrés, le site de Sochaux est passé de 43 500 travailleurs à 23 000. Les OS intérimaires comme Pascal, Tony, Marilène ou Julie, pour la plupart de jeunes Français venus de la campagne,ont remplacé les immigrés. Mais, dit Nasser Messaoud, délégué Cgt de Mulhouse, les travailleurs français se sont rendus compte que ce ne sont pas les immigrés qui tiraient les salaires vers le bas.Et les conditions de vie des intérimaires dans les foyers rappellent par bien des aspects la «vie de château» à huit dans des chambres sordides, décrits avec malice par Farouk Khaldi, OS depuis son arrivée en 1972. In fine, «immigrés de l’intérieur», ces jeunes intérimaires n’ont guère l’intention de rester pour s’abîmer la santé comme Christian Corouge, un OS historique qui en a eu «marre que les intellectuels racontent n’importe quoi sur ce qui ce passe sur la chaîne», et a écrit lui-même un témoignage vibrant sur ses mains bousillées par le travail mais dont il refuse d’être dépossédé, repris dans le film de Bruno Muel «Avec le sang des autres» (1974). Gilbert Marion, OP, s’est lui investi dans un travail associatif de quartier, ce qui lui a permis de ne pas craquer après les départs massifs de l’usine. Dans la Zup, «Je suis là et puis c’est tout!», dit Ali Hammadouche, agent de nettoyage à la Peuge, avec l’accent de Franche-Comté. La ville et l’usine, la vie et le travail se superposent dans l’imaginaire ouvrier. En face, le patronat Peugeot ici incarné par M. Perrier, directeur du centre de production de Sochaux, baguette à la main devant une grande maquette en carton pâte, présente dans sa novlangue gestionnaire la «modification du paysage géographique, industriel» et même du «paysage humain». Il entend promouvoir «l‘ouvrier modèle», respectueux d’une charte qui l’engage à être disponible et à s’organiser en conséquence, à faire des efforts pour être mobile, à respecter sa hiérarchie et à partager des «groupes de travail», enfin à contribuer à «la bonne image de marque de l’entreprise».«Les individualités, c’est pas tellement ce qui est recherché, précise M. Perrier. Le travail c’est l’affaire de tous.» Sur la chaîne, le choeur des automates a remplacé le ballet des ouvriers. «C’est le robot qui tient les OS» ronchonnent-ils. Même les OP voient leur marge de manoeuvre, leur relative autonomie, rognée par la nouvelle organisation du travail. Jacky Blanc raconte ainsi avoir voulu «provoquer» la maîtrise pour voir jusqu’où elle le laisserait faire. Le refus par la direction de négocier l’a décidé à donner sa démission et à monter sa propre boîte. «En te faisant respecter tu t’obliges à vivre», persiste Christian Corouge, qui refuse l’idée de revêtir le nouvel uniforme vert peu à peu imposé dans l’usine. La subjectivité ouvrière n’a pas encore dit son dernier mot.
Fiche technique :
Durée: 62min. 53 »
Format d’origine: Bétacam SP
Réalisation: Samir Abdallah –Maurizio Lazzarato & Raffaele Ventura
images : Samir Abdallah
son: Raffaele Ventura
montage: Angela Melitopoulos
Extraits des films : « Avec le sang des autres« , « Week-end à Sochaux » de Bruno Muel, « Le lion, sa cage et ses ailes » d’Armand Gatti.
Production : Agence IM’média – novembre1990
avec le soutien de l’association Peuge-Images, du CNC, de la la DDAT (Délégation audéveloppement et à l’action territoriale), la Fondation de France
Mots-clés : Sochaux-Montbéliard (Doubs, France) – Mulhouse (Haut-Rhin, France) – usine automobile Peugeot – travail à la chaine – automatisation -dignité – salaires – classe ouvrière – travailleurs immigrés – intérimaires – mémoire ouvrière
Réalisateur
Samir Abdallah

Samir Abdallah est né à Copenhague, au Danemark, de l’union du pionnier de l’art moderne égyptien Hamed Abdalla avec sa femme, Kirsten Hamed Abdallah, infirmière danoise. Il vit en France depuis l'âge de 6 ans, où il a acquis la nationalité française. Après des études d'Art dramatique et de Cinéma à l'Université de Nanterre au début des années quatre-vingts, il participe à la création de l’Agence IM’Média avec son frère Mogniss, et réalise de nombreux reportages et documentaires sur l'Immigration pour l'émission Rencontres, sur la chaîne française FR3, entre 1988 et 1991. Il a réalisé seul ou en collaboration de nombreux documentaires, parmi lesquels : L'Islam de France, entre traditions et modernité en 1990 , La Révolte de Veaux-en-Velin en 1991, Voyages au Pays de la Peuge, en 1991, La Ballade des sans-papiers en 1997, Le Siège en 2002, Ecrivains des Frontières, voyages en Palestine(s), en 2004, Quo Va Dis?, en 2006, Après la guerre, c'est toujours la guerre, en 2007, Gaza-strophe, Palestine, en 2009, Candidats pour du Beur?, en 2012, Au Caire de la Rêvolution, depuis 2011... En 1991, il fonde L'Yeux ouverts qui organise des ateliers dans les quartiers, et anime un réseau international de projections publiques de films exprimant un point de vue critique sur le monde contemporain, avec plus de 3000 partenaires associatifs et divers, en France, Europe, pays arabes et Amériques, un réseau baptisé du nom de : CINEMETEQUE qui développe le site de films du même nom.


Raffaele Ventura

MÉDIAS