RUE CASES-NÈGRES

Euzhan PALCY

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RUE CASES-NÈGRES

Un film de Euzhan PALCY

1983 | Fiction | 106 min | CARLOTTA FILMS

Producteur

Distributeur
CARLOTTA FILMS
01 42 24 10 86

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Synopsis

L’empire colonial français est à son apogée, l’Exposition coloniale de 1931 va se tenir à Paris. À la Martinique, l’esclavage a été aboli en 1848, mais les Blancs « békés » contrôlent toujours l’économie et les Noirs sont toujours misérables, travaillant pour quelques sous dans les plantations de canne à sucre. Dans la bourgade de Rivière-Salée, les békés vivent dans de somptueuses villas, les Noirs dans des cases de bois et de paille alignées dans ce lieu-dit : rue Cases-Nègres.
La journée, les parents travaillent aux champs, et les enfants vont à l’école, obligatoire pour tous depuis la loi républicaine de Jules Ferry. Lorsque arrivent les vacances, les enfants, livrés à eux mêmes à leur plus grande joie, sont les maîtres de la rue Cases-Nègres. Puis vient la rentrée des classes. José, 11 ans, est un bon élève, curieux et attentif. M’man Tine, la grand-mère affectueuse qui élève José, fait tout pour qu’il puisse, grâce à l’instruction, vivre une vie meilleure que la sienne, elle qui s’est échinée au travail. L’instituteur noir, qui a écrit au tableau que « l’instruction est la clé qui ouvre la deuxième porte de notre liberté», estime que José peut obtenir une bourse. Sage du village et mémoire de la communauté, M. Médouze a pris José sous son aile et lui apprend de nombreuses choses sur la vie, la nature, le passé d’esclaves de leurs ancêtres. Mais un jour, José le trouve mort.
José obtient son certificat d’études puis, par concours, un quart de bourse, insuffisant pour lui permettre de payer ses études. Alors M’man Tine quitte le village pour aller vivre avec José à la capitale, Fort-de-France. Elle travaille encore plus dur qu’avant, lavant, reprisant, repassant le linge des propriétaires. Quand, par ses bons résultats, José se voit attribuer une bourse complète, M’man Tine peut enfin souffler. Rassurée sur le sort de son petit José, elle peut mourir. « M’man Tine est allée dans l’Afrique de M. Médouze.» José va continuer à étudier à Fort-de-France, mais il emportera avec lui sa rue Cases-Nègres.

Un film de Euzhan PALCY
Scénario : Euzhan PALCY, Michel Loulergue, avec les conseils de François Truffaut, d’après un roman de Joseph Zobel
Directeur de la photographie : Dominique Chapuis
Assisté de son : Arthur Cloquet, Pierre Befve, Yves Osmu
Décors : Thanh At Hoang
Montage : Marie-Joseph Yoyotte
Costumes : Isabelle Filleul de Brohy
Maquillages : Marie-France Vassel
Musique originale : Groupe Malavoi, Max Cilla, Roland Louis, Bruno Tocnay, Slap-Cat, V. Vanderson
Production : SUMUFA Productions
Distributeur 1983 : NEF
Distribution 2010 : Carlotta Films

Réalisateur
Euzhan PALCY

Née à la Martinique en 1956, Euzhan PALCY passe son enfance au Gros-Morne. Elle s’initie au cinéma à la salle paroissiale du village, puis à Fort-de-France. Elle a une douzaine d’années quand, en 1968, elle assiste au village à une projection d’Orfeu Negro. Le film de Marcel Camus (1958) est pour elle un choc déterminant : voir sur un écran des Noirs qui s’aiment et s’embrassent comme des Blancs est une révéla- tion. Elle découvre aussi l'ouvrage de Joseph Zobel, La Rue Cases-Nègres, que lui offre sa mère que ce livre touchait aux larmes. Dès l’adolescence, alors qu’elle cares- se déjà le rêve de devenir réalisatrice, elle songe à adapter son livre de chevet. À dix- neuf ans, elle anime une émission de poésie dans une télévision locale et sort un disque de chansons enfantines (elle est soprano colorature). En 1974, elle écrit et réalise un téléfilm avec son frère Joël : la diffusion de La Messagère à la télévision antillaise est un succès. Ce titre représente Euzhan Palcy de manière emblématique, elle qui conçoit le cinéma comme une mission, sans militantisme, mais avec le besoin viscéral de dénoncer les injustices. Sa grande volonté calme où couve la révolte ainsi que sa fine beauté évoquent un autre messager charismatique de la cause noire, le chanteur jamaïcain de reggae rastafari Bob Marley. Encouragée par son père, elle poursuit à Paris des études de théâtre, de littérature, puis de cinéma à l'École nationale supérieure Louis-Lumière. Après avoir été assistante, elle réalise en 1982 un court métrage pour France 3, L'Atelier du diable, un conte où un enfant s'aventure dans la mystérieuse maison d'un vieux « sorcier » qui vit reclus avec son coq de combat. Peu après, elle rencontre François Truffaut qui la parraine. Puis arrivent deux jeunes producteurs, Michel Loulergue et Jean-Luc Ormières et surtout le producteur et dis- tributeur Claude Nedjar (Lacombe Lucien de Louis Malle, La Guerre du feu de Jean-Jacques Annaud, etc.) et la société de Louis Malle (la Nef). Euzhan Palcy obtient pour le scénario adapté de La Rue Cases-Nègres, à l’unanimité du jury, l’avance sur recettes du Centre National de la Cinématographie. Néanmoins, le montage financier est difficile. Le projet séduit parce qu’on y voit un petit Français pauvre, Antillais et noir qui s’élève par sa persévérance et grâce à l’éducation dispensée par l’école républicaine. Mais le projet gêne car il rappelle que la République française a été esclavagiste, colonialiste, et que les Antillais en sont la mémoire vivante, les témoins et les victimes. La crainte de certains bailleurs de fonds est que le film provoque un sentiment de culpabilité de la part de ceux qui ne connaissent pas ou ne veulent pas connaître l’histoire de France. L’autre crainte des financiers du cinéma est qu’un tel film ne soit communautariste. Mais der- rière cet argument « à l’envers », la véritable interrogation est : en quoi cette histoire de « nègres » va-t-elle intéresser les Blancs, et plus particulièrement les enfants blancs ? (Michel Ocelot, préparant Kirikou, se heurtera au même argument). La réponse est pourtant simple : deux des attitudes les mieux partagées au monde sont d’une part la haine des autres et de la différence, d’autre part la curiosité, la fascination, le désir pour l’altérité. Souvent, derrière la différence réelle entre cul- tures et couleurs de peau, on découvre que nos ressemblances nous unissent autant que nos différences nous attirent. Le film (dont le budget s’est élevé à environ 3,5 millions de francs, soit environ 500 000 euros) remporte quatre récompenses à la Mostra de Venise, dont le Lion d'Argent et le Prix d'Interpré- tation pour Darling Légitimus. L’année suivante (1984), il rem- porte le César de la meilleure première œuvre. Rue Cases- Nègres remporte ainsi plus de dix-sept prix internationaux et obtient un succès public international. À sa sortie, le film resta quarante semaines en exploitation à Paris où il fit 360 000 entrées.


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MÉDIAS

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